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Écosystèmes et langues rares – Eau

L’eau, « tai », dans les Îles Marquises (Polynésie française)

Nuku Hiva, Île des Marquises, Polynésie française, 2015.
© Michelle Raponi / Pixabay License

Le marquisien est une langue polynésienne de la famille des langues austronésiennes. Cette langue de Polynésie française est parlée aux îles Marquises, en marquisien Te Fenua Ènata, soit « le Pays des Marquisiens ». Le marquisien se subdivise en une langue et 6 dialectes. Le marquisien se distingue nettement du tahitienou du paùmotu.

La langue marquisienne est intimement liée à sa culture et à son territoire exceptionnel. Mais ce territoire est actuellement en danger, en raison du dérèglement climatique. Partout sur la planète, les effets du réchauffement sont déjà visibles, et particulièrement en Outre-mer. Ces territoires sont vulnérables en raison de leur insularité et les impacts sont multiples.

L’un des dangers les plus évidents est l’augmentation du niveau de l’eau. Celui-ci n’augmente pas de manière uniforme dans le Pacifique : la hausse est de 0,8 mm par an en Asie du Sud-Est et plutôt de 0,3 mm par an dans la zone polynésienne. Les données les plus récentes montrent que les atolls polynésiens n’ont pas perdu de surface lorsque les écosystèmes coralliens ne sont pas perturbés, en particulier par l’activité humaine. En effet, la plupart des îles sont alimentées en sable et en débris par les récifs coralliens ce qui en élève le niveau et leur permet de compenser l’élévation du niveau de la mer, « tai » en marquisien. Il est à craindre que les récifs mis à mal ne puissent plus jouer leur rôle de rehausseur.

Cependant, un danger plus immédiat menace ces îles. Le manque de pluie, « ūa » en marquisien, est en train de métamorphoser les paysages, les transformant en désert. Les habitants tentent tant bien que mal de s’adapter mais ces menaces pourraient encourager les migrations de population bien avant que la terre ne manque. La hausse du niveau de l’eau de mer, « tai » en marquisien, et des cyclones plus intenses qui submergent ces terres entraînent une salinisation des nappes phréatiques alimentées par la pluie. Celle-ci est souvent précieusement récupérée dans des collecteurs mais le changement climatique en affecte l’abondance et la répartition saisonnière. Les cocoteraies sont une ressource économique mais elles dépérissent sous l’effet du sel et de la sécheresse. L’exploitation du coprah servant à fabriquer le monoï permet de maintenir les populations sur place, tout comme la « perle de Tahiti », mais celle-ci est sensible à l’augmentation de la température de l’océan et à son acidification. Ces deux facteurs jouent sur le développement de la ciguatera, une toxine qui rend les poissons des récifs impropres à la consommation et accroît la dépendance des îles aux importations alimentaires.

Les migrations, poussant les populations hors de leur environnement traditionnel, entraîneraient la perte d’un patrimoine culturel riche et précieux. Il existe également un ensemble de compétences liées à l’écologie, à l’accès et à l’utilisation des ressources naturelles locales, que tous les enfants de l’archipel sont censés connaître : la pêche, la chasse, la navigation de cabotage, la conduite de pirogues à balancier, la cuisine ou encore la création de guirlandes et de colliers floraux. La terre et l’océan sont deux éléments essentiels dans les dynamiques de transmission de savoirs au sein des familles et donc de transmission des langues.

Les cartes de Polynésie française – Te Fenua

Découvrir le marquisien :

Vidéo : Usage des langues polynésiennes à la maison – Famille POEPOEANI Marquises.

Bibliographie :

ALI, Maurizio. « L’idéologie éducative Enata : processus postcolonial et réinvention d’une identité culturelle autochtone aux îles Marquises, en Polynésie française », Contextes et didactiques. 2021.

LARRUE, Sébastien ; CHIRON, Thomas. « Les îles de Polynésie française face à l’aléa cyclonique », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement, Volume 10 Numéro 3. 2010.

HEINZLEF, Charlotte ; SERRE, Damien. « Dérèglement climatique et gestion des risques en Polynésie française : conception d’un Observatoire de la résilience », Les Cahiers d’Outre-Mer. 2022.